Magazines 2022 May - Jun Le sens du service à une époque narcissique

Le sens du service à une époque narcissique

27 April 2022 By Bruce Clemenger

Le chroniqueur Bruce Clemenger nous livre ses réflexions sur la manière de vivre à contre-courant de la culture en tant que Corps de Christ.

Traduit par François Godbout. Ce texte en anglais

Nous vivons dans une société qui valorise le choix individuel. L'accent est mis sur l'autonomie individuelle, considérée comme un droit sacré. Notre culture remet en question tout obstacle au choix, y compris la tradition, la coutume, la révélation, la conscience et même la biologie.

L'Écriture enseigne que le cheminement de l'homme vers la maturité, pour trouver notre véritable et pleine identité, est une découverte interne transformatrice par l’adoption volontaire d’une posture de prière, de repentance et d'expérience de la miséricorde et de la grâce de Dieu.

Mais dans notre culture, ce cheminement va désormais dans la direction opposée de l'auto-création narcissique et de l'auto-définition. Notre culture vise une liberté individuelle animée par l'égoïsme et le pouvoir, une autonomie du type « moi d'abord » qui s’attend à ce que les autres se conforment, s'adaptent et suivent.

Dans les récits du jardin d'Éden (Genèse 3) et des tentations de Christ (Matthieu 4, Jean 6), c'est le même message serpentin, narcissique et manipulateur qui prévaut. Allez-y, doutez, remettez en question la bonté et les enseignements de Dieu. Puis abandonnez-les en faveur de quelque chose d'autre.

Notre diversité est supplantée par une unité qui est plus grande que ses parties individuelles.

Dans notre société, affirmer la souveraineté de Christ et accepter de faire partie du Corps de Christ n'est pas seulement contre-culturel, mais c'est aussi un affront aux principautés et aux puissances à l'œuvre qui nous poussent vers des images et des empires créés par nous-mêmes. La souveraineté de Christ sur chaque domaine de notre vie est considérée comme une servitude et non une libération, comme une conformité et non une liberté.

Mais les chrétiens sont des personnes qui deviennent volontairement esclaves (doulos) et serviteurs (diakonia) de Christ. Le premier décrit notre statut, le second notre fonction.

Comme l'a écrit T.F. Torrance, « Le doulos [esclave] vit sous la revendication totale de Dieu et est complètement subordonné à Jésus-Christ auquel il appartient corps et âme. »

Sous la souveraineté de Christ, notre fonction est de Le servir, Lui et Son Royaume. Notre modèle est Jésus et son ministère - qui « allait de lieu en lieu en faisant du bien » (Actes 10:38).

Nous faisons cela en communauté. Dans cette fraternité, ce partenariat (koinonia), nous trouvons de la valeur, de la signification, de l'appartenance et de la cohésion dans notre vie commune où nous défendons ensemble la dignité mutuelle, la responsabilité et la transparence.

Nous ne construisons pas notre identité individuelle ou communautaire. Au contraire, nous sommes adoptés dans la famille de Dieu. Nous devenons des citoyens du Royaume de Dieu. Cela supplante notre héritage terrestre et biologique.

Ce n'est pas que notre ethnicité, notre profession ou notre pays d'origine soient sans importance, mais notre diversité est supplantée par une unité qui est plus grande que ses parties individuelles et nous devenons « un peuple élu, un sacerdoce royal, une nation sainte » (1 Pierre 2:9).

L'Église est bien plus qu'une association volontaire. Dans plusieurs de ses lettres, l'apôtre Paul utilise la métaphore organique d'un corps pour décrire notre union avec Christ, un tout composé de diverses parties intégrées et interdépendantes dont Christ est la tête.

Notre but est radicalement différent de l'autonomie individuelle que notre culture nous impose.

Paul écrit : « Car nous avons tous été baptisés d'un seul esprit pour former un seul corps » (1 Corinthiens 12:13). Notre compréhension de nous-mêmes en tant que membres doit être enveloppée dans la manière dont nous contribuons au Corps de Christ.

Bien que nous soyons des parties d'un seul corps unifié, un tout organique, nous ne sommes pas identiques. Paul insiste sur le fait que nos différentes parties ne signifient pas que l'une d'entre nous a moins de valeur ou n'a pas pleinement sa place. Il souligne que chacun d'entre nous, non pas malgré nos différences, mais à cause de nos différences, est vital pour le fonctionnement du Corps. Personne n'est indispensable, et chacun doit avoir « une égale sollicitude » pour les autres (1 Corinthiens 12:25).

La servitude s'exprime par l'exercice des dons des membres du Corps de Christ. Ces dons nous ont été donnés « pour équiper son peuple en vue d'œuvres de service, afin que le corps de Christ soit édifié » pour atteindre la « plénitude de Christ » (Éphésiens 4:12-13).

Notre but - servir afin d'édifier les autres pour atteindre la plénitude de Christ - est radicalement différent de l'autonomie individuelle que notre culture nous impose. La liberté en Christ n'est pas la liberté de créer l'identité de quelqu'un, mais d'être libéré pour être des serviteurs, contribuant aux autres dans notre service tout en appréciant la bonté et les contributions des autres.

Nous ne nous appartenons pas. Nous sommes adoptés et donc dotés d'un héritage, chacun fonctionnant dans le Corps de Christ. Tel est le témoignage de l'Église. Dans une société imprégnée d'autonomie individuelle, la servitude est notre témoignage communautaire.

bruce j. clemenger
Bruce J. Clemenger est président de l'Alliance évangélique du Canada. Veuillez prier pour notre travail et nous soutenir à www.TheEFC.ca/Donate ou au numéro gratuit 1-866-302-3362.

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