Magazines 2023 Jul - Aug Sur l'attente : Faire face à un avenir incertain

Sur l'attente : Faire face à un avenir incertain

29 June 2023 By David Guretzki

Vous vous sentez anxieux et frustré par rapport à l'avenir ? La dernière chronique de David Guretzki donne aux lecteurs l'antidote parfait à notre impatience.

Traduit par François Godbout. Ce texte en anglais

J'ai beaucoup attendu ces derniers temps.

J'écris cette chronique alors que j'attends une correspondance pour rentrer d'Afrique du Sud après quelques réunions avec le Conseil international de l'Alliance évangélique mondiale. L'aller-retour entre le Canada et Johannesburg a été le voyage le plus long que j'aie jamais fait, avec 24 heures d'escales et près de 40 heures de vol en une semaine. Beaucoup de temps d'attente.

Mais ce n'est qu'un type d'attente. Celle où l'on sait plus ou moins combien de temps s'écoule entre les événements - bien qu'avec les voyages en avion de nos jours, même cela est incertain.

D'autres types d'attente peuvent être beaucoup plus anxiogènes. Par exemple, l'attente du remboursement d'impôt tant attendu, bloqué dans le système. Ou attendre les résultats d'un examen ou d'un test médical. Ou encore l'attente du résultat de l'opération chirurgicale d'un être aimé. 

Parallèlement au concept d'angoisse - anxiété générale non spécifiée - il existe un type de période d'attente non spécifiée où l'on ne sait ni quand, ni où, ni comment l'attente se terminera. Nombreux sont ceux qui passent des années à attendre cette personne spéciale qui ne s'est pas encore manifestée - et ils continuent donc d'attendre. D'autres attendent des réponses claires aux tragédies et aux pertes : Pourquoi moi, Seigneur ? Pourquoi eux ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas maintenant ? Souvent, aucune réponse ne vient.

C'est donc dans la souffrance que notre capacité à attendre est le plus mise à l'épreuve – et le plus nécessaire.

Pourquoi devons-nous tant attendre ?

Nous vivons dans un monde de gratification instantanée. Plus les choses nous parviennent rapidement, plus nous devenons impatients. Nous ne pouvons pas imaginer pourquoi le colis que nous avons commandé aujourd'hui n'est pas sur le pas de notre porte demain et nous ne pouvons certainement pas comprendre pourquoi le prochain épisode de Netflix met tant de temps à se charger.

Il n'est pas nécessaire d'être diplômé en théologie pour discerner la relation entre l'attente et le fruit spirituel appelé patience (Galates 5:22). Cette relation est résumée dans la vieille boutade : « Fais attention quand tu demandes de la patience au Seigneur, car il se peut qu'il te fasse attendre ».

En cherchant dans les Écritures pourquoi nous devons attendre, j'ai été surpris de constater que le lien entre l'attente et la patience n'était pas aussi clairement défini.

Il ne m'a pas fallu longtemps pour revenir au verset souvent cité : « Mais ceux qui se confient en l'Éternel [en anglais « wait on the Lord » c'est-à-dire attendre le Seigneur] renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles; Ils courent, et ne se lassent point, Ils marchent, et ne se fatiguent point. » (Ésaïe 40:31).

Il est choquant de constater que ce verset n'associe pas du tout l'attente à la formation de la patience. C'est difficile pour ceux d'entre nous qui vivent dans une société technique, orientée vers les résultats, et qui pensent que l'attente doit avoir un résultat utilitaire ou un but nécessaire. L'attente devrait certainement produire de la patience !

Le verset ne dit pas que ceux qui attendent le Seigneur finiront par découvrir pourquoi ils ont attendu. Il ne dit pas que l'attente produira la patience. Il ne dit pas que, qu'ils marchent ou qu'ils courent, ils peuvent se reposer sur le fait qu'ils finiront par arriver.

Ce qui est clair, c'est qu'en attendant le Seigneur, nous gagnerons la force nécessaire pour le moment. En d'autres termes, « L'Éternel a de la bonté pour celui qui compte sur lui, pour celui qui le recherche. » (Lamentations 3:25).

Il y a un endroit où l'attente est plus nécessaire que tout autre, c'est au milieu de la souffrance. Dans la nuit qui a précédé sa mort, Jésus était à Gethsémani, attendant le Père. En effet, il a réprimandé ses disciples parce qu'ils ne pouvaient même pas attendre avec lui pendant un court laps de temps et qu'ils s'étaient endormis à la garde.

J'ai tendance à être charitable envers les disciples parce qu'ils n'avaient pas la même perception de l'imminence de la mort de Jésus que Lui. Mais ici, Christ a donné l'exemple de ce que le prophète avait promis : l'attente de Dieu a fortifié Jésus, même lorsque l'issue était encore quelque peu incertaine, même pour Lui. Après tout, Jésus a demandé à Dieu de Lui retirer la coupe si possible.

C'est donc dans la souffrance que notre capacité à attendre est le plus mise à l'épreuve - et le plus nécessaire.

Je suis un peu une mauviette lorsqu'il s'agit de la douleur et je n'hésite pas à prendre du Tylenol. Mais que se passe-t-il lorsque les pilules et les thérapies ne fonctionnent pas ? Lorsque la douleur physique devient chronique ou terminale ? Lorsque l'angoisse mentale ne peut être calmée ? Lorsque les réponses que nous cherchons ne viennent pas ?

C'est alors que nous sommes appelés à attendre le Seigneur. Non pas qu'une telle attente résoudra nécessairement le problème présenté. Il se peut que ce ne soit pas le cas. Mais en attendant Dieu dans ces moments difficiles, nous pouvons faire l'expérience d'un renforcement du Seigneur dont nous ne pourrions jamais vivre l’expérience autrement.

Et maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je dois aller faire la queue pour attendre l'embarquement d'un autre vol retardé.

David Guretzki est le président de l'AEC. Vous pouvez lire d'autres articles sur FaithToday.ca/ CrossConnections.

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David Guretzki est le président de l'AEC. Vous pouvez lire d'autres articles sur FaithToday.ca/CrossConnections. Photo des chaises par Edwin Chen.