Magazines 2025 May - Jun Une confession postélectorale

Une confession postélectorale

29 April 2025 By David Guretzki

Le chroniqueur David Guretzki réfléchit à certaines choses que nous savons être vraies.

Traduit par François Godbout. Ce texte en anglais

Peu de gens auraient pu prédire le niveau d’incertitude politique que nous avons connu jusqu'à présent en 2025. Cela inclut la démission d'un premier ministre, l'élection d'un nouveau, les menaces persistantes de droits de douane et de contre-mesures, et tout le drame d'une élection fédérale (dont le résultat, au moment où j'écris ces lignes, reste inconnu).

En ces temps de bouleversements géopolitiques, l'Église est souvent intervenue pour faire des déclarations théologiquement responsables. Cela fait partie du travail que l'Église et ses dirigeants théologiques sont appelés à accomplir. L'Église doit proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, ce qui signifie qu’elle doit parfois s'adresser à la société de manière prophétique.

Ces derniers mois, certains ont exhorté les chefs religieux à se prononcer sur des questions telles que les droits de douane ou la menace d'annexion du Canada. À l'AÉC, nous nous efforçons de répondre lorsque nous estimons disposer de l'expertise, de l'expérience et du consensus théologique nécessaires avec nos affiliés évangéliques.

Mais nous connaissons également nos limites. À moins que les fondements de l'Évangile ne soient publiquement menacés, que la liberté religieuse ne soit érodée ou que le caractère sacré de la vie humaine ne soit remis en cause, nous ne sommes pas susceptibles de publier une déclaration. Même dans ce cas, nous avons besoin d'un fondement scripturaire clair et d'une responsabilité rendue publique par le biais des commentaires de nos affiliés.

Cela ne signifie pas que nous devons rester silencieux. Tout au long de l'histoire, l'Église s'est parfois unie, souvent au-delà des divisions confessionnelles, pour s'exprimer face à de graves menaces contre l'Évangile. L'un des exemples les plus notables est la Déclaration de Barmen de 1934, lorsque les dirigeants de l'Église allemande, se faisant appeler l'Église confessante, ont publiquement résisté à l'ingérence politique et ecclésiastique du régime nazi.

Serons-nous le genre de personnes animées par l'amour dans nos actions et nos discours politiques ?

La structure de la Déclaration de Barmen est révélatrice. Après un préambule, elle présente un texte tiré des Écritures, une affirmation et une négation. Il est frappant de constater qu'elle ne mentionne jamais Hitler ni le national-socialisme. Elle énonce plutôt des principes théologiques immuables – des vérités qui doivent toujours être affirmées ou des mensonges qui doivent être niés – indépendamment du contexte politique. En d'autres termes, à la lecture de la Déclaration de Barmen, tout le monde savait de quoi il s'agissait sans que cela soit nommé directement – une stratégie théologique et rhétorique importante à laquelle nous pourrions recourir plus souvent.

Il serait inapproprié de ma part de faire une confession en tant que dirigeant individuel, même avec les nombreux partenaires confessionnels de l'AÉC. Je me permet néanmoins, de livrer quelques réflexions « confessionnelles » après notre récente élection, réflexions qui, je l'espère, caractériseront la communauté chrétienne longtemps après cette élection

1. Nous affirmons que nous n'avons qu'un seul Dieu et un seul Seigneur.

Paul écrit : « Il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses » et « un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe » (1 Corinthiens 8:6). La première confession chrétienne selon laquelle « Jésus est Seigneur » (Romains 10:9) était, dans son contexte, en contradiction directe avec l'affirmation romaine selon laquelle « César est Seigneur ». Il n'est pas surprenant que cette confession ait conduit à la persécution et au martyre.

Aujourd'hui, nous devons nous souvenir de cette vérité, en particulier lorsque les dirigeants ou les partis politiques semblent aller trop loin. En tant que chrétiens, nous devons veiller à ne pas parler des personnalités politiques comme s'ils étaient de petits messies, même si nous ne les qualifions jamais ainsi ouvertement.

2. Nous affirmons que les dirigeants politiques sont des serviteurs soumis à la providence divine.

La souveraineté de Jésus ne nie pas le rôle du gouvernement. Les Écritures nous rappellent que les dirigeants, bien que déchus et imparfaits, ont un rôle ordonné par Dieu (Daniel 2:21 ; Romains 13:1). Ils sont des « serviteurs » de Dieu (Romains 13:4). Dans une démocratie, ils sont également les serviteurs du peuple qui les élit. Ils sont responsables devant Dieu et les hommes.

3. Nous affirmons que nous devons à nos dirigeants le respect et nos prières.

Les Écritures nous appellent à respecter et à payer nos impôts aux autorités (Romains 13:7 ; 1 Pierre 2:17), mais aussi à prier pour elles. Paul exhorte à prier « pour les rois et tous ceux qui sont en autorité », que nous soyons d'accord avec eux ou non (1 Timothée 2:1-2). C'est là une marque de disciple : pouvons-nous aimer et prier pour ceux que nous considérons peut-être comme des adversaires de Christ ?

Ma prière postélectorale pour l'Église au Canada est que nous continuions à nous rappeler mutuellement que notre allégeance première est à Jésus-Christ et que notre véritable citoyenneté est dans les cieux. Cependant, nous sommes également appelés, ici et maintenant, à aimer Dieu et notre prochain, y compris nos voisins et nos dirigeants politiques.

L'amour peut exiger un discours prophétique et parfois la désobéissance civile lorsque les exigences politiques contredisent la Parole de Dieu. Mais trop souvent, nous nous contentons de plaintes, de mépris ou d'une élévation irréaliste des personnalités politiques. Pire encore, nous sommes tentés de nous laisser guider par la peur.

L'amour ne vit pas dans la peur ni par la peur (1 Jean 4, 18). Serons-nous le genre de personnes animées par l'amour dans nos actions et nos discours politiques, et non par la haine, le mépris ou la peur ?

 

David Guretzki est président et directeur général de l'AÉC. Pour lire d'autres articles de cette série, rendez-vous sur FaithToday.ca/CrossConnections. Photo-Illustration: Janice Van Eck; Sources: Hamid Siddiqui; Ava Bitter

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