Lia Milousis, chroniqueuse invitée, réfléchit à la manière dont nous sommes appelés à vivre notre foi dans une nation post-chrétienne.
Nous vivons dans un monde qui ne comprend pas la foi et qui ne considère pas la religion comme un bien public. Si cet article était plus long, nous pourrions passer en revue en détail des exemples récents de politiques publiques canadiennes, telles que : les recommandations parlementaires demandant la fin de la « promotion de la religion » comme objectif caritatif et la suppression du statut d'organisme de bienfaisance pour les « organisations anti-avortement » ; les restrictions au financement du programme Emplois d'été Canada qui excluent les organisations pro-vie et chrétiennes ; et les réglementations québécoises limitant le port de symboles religieux et la prière dans les écoles et autres lieux publics.
Malheureusement, notre monde a de plus en plus tendance à considérer et à traiter la religion, en particulier le christianisme, comme nuisible au bien-être de la société. Malgré l'héritage chrétien de ce pays, les expressions de la foi sont de plus en plus exclues de la sphère publique et reléguées à des espaces privés réservés à une dévotion personnelle limitée.
À la suite de la décision de la Cour suprême du Canada dans l'affaire Carter concernant l'euthanasie, j'ai vu un responsable d'église tenter de réconforter ses fidèles en leur assurant qu'ils étaient citoyens du ciel et non de la terre, comme pour suggérer que ces préoccupations ne devraient pas nous concerner. Avec tout le respect que je lui dois, je ne pouvais pas être plus en désaccord.
Notre vocation d'ambassadeurs du Christ nous invite à œuvrer pour une société juste. Rechercher le bien-être de la ville (comme le dit Jérémie 29,7) signifie rechercher le bien-être de ses habitants. En ce sens, quel que soit le réconfort que nous puissions trouver dans notre citoyenneté céleste, nous ne pouvons rester inactifs alors que d'autres habitants de notre ville, de notre province ou de notre nation sont victimes de discrimination parce que leur vie centrée sur la foi est si mal comprise et dénigrée.
Alors, comment devons-nous vivre ? Que devons-nous faire ?
Le soutien aux politiques qui favorisent la liberté de religion dépend de la reconnaissance par le public de la valeur que les croyants – l'Église – apportent à la société. Nous devons paraître différents. Nous devons agir différemment. Nous devons vivre l'appel à la justice dans notre vie quotidienne.
Il est parfois difficile pour les chrétiens de s'entendre sur ce qui est juste. Les discussions et débats politiques sont source de division. Mais élaborer la politique publique parfaite ou voter pour le bon parti politique n'a jamais été au cœur de la vie chrétienne. Nous pouvons nous lasser de la politique et des politiques. Mais nous ne pouvons pas nous lasser de faire le bien.
Nous pouvons nous lasser de la politique et des politiques. Mais nous ne pouvons pas nous lasser de faire le bien.
Ainsi, même si nous pouvons respectueusement être en désaccord sur la manière de résoudre les problèmes de la société, l'appel à faire ce qui est juste, bon et vrai – l'appel à aimer notre prochain – demeure.
Connaissez-vous le nom de votre voisin ? Commencez par là. Prenez soin de la veuve qui envisage l'euthanasie et s'interroge sur la valeur de sa vie. Prenez soin de l'orphelin qui se démolit et se sent isolé de sa famille. Rendez visite à une maison de retraite. Aidez votre collègue à déménager. Invitez vos voisins à un barbecue. Souriez à l'inconnu dans la rue.
Nous devons vivre notre vie de manière à ce qu'il soit évident qu'il y a un Roi parmi nous. Nous devons vivre en étant conscients de la présence de Dieu, conscients que tous les êtres humains sont à l'image de Dieu. Nous devons nous distinguer du monde par la manière dont nous défendons la dignité humaine. Et cela se voit le plus clairement dans la manière dont nous agissons dans les millions de petites occasions, apparemment insignifiantes mais profondément importantes, que nous avons chaque semaine pour laisser briller notre lumière.
Alors que nous faisons le point sur l'état de la société et que nous déplorons les politiques qui érodent la liberté religieuse, il n'y a pas lieu de désespérer. Oui, certains appellent le bien mal et le mal bien. Mais il est encore possible pour notre monde – qu'il s'agisse de notre voisin ou de notre nouveau premier ministre – de reconnaître ce qui est bon, juste et vrai lorsqu'il le voit.
La valeur du christianisme ne se trouve pas dans l'abstrait. Sa lumière, sa beauté, son réconfort, ses conseils, son amitié, sa sagesse et son amour se trouvent plutôt dans le cheminement avec Christ. Ainsi, pendant que nous attendons et prions pour que nos concitoyens canadiens cheminent eux-mêmes avec Christ, il est de notre privilège et de notre devoir d'apporter autant que possible cette valeur dans leur vie et, ce faisant, d'être les ambassadeurs de la bonté de Dieu.
Lia Milousis, d'Ottawa, est avocate plaidante au sein du groupe Acacia (AcaciaGroup.ca). Kevin Wilcox est procureur adjoint de la Couronne en Ontario.