Magazines 2022 Mar - Apr Le changement climatique, un défi à relever

Le changement climatique, un défi à relever

01 March 2022 By Matthew Schroeder

Notre auteur a assisté à la conférence des Nations Unies en Écosse et nous livre ici ses réflexions

Traduit par François Godbout. Ce texte en anglais

Le sanctuaire de l'église de Glasgow a résonné de l'hymne familier « Toutes les créatures de notre Dieu et Roi, élevez votre voix et chantez avec nous ». Après une semaine mouvementée à la conférence COP26 des Nations Unies, il était rafraîchissant de faire une pause, de se recueillir et d'adorer.

CLa CdP26 (26e conférence des parties) a rassemblé des milliers de personnes – dont certains dirigeants chrétiens – du monde entier en novembre 2021 pour discuter et convenir des mesures à prendre en réponse au changement climatique. J'étais là pour représenter la Canadian Foodgrains Bank et l'organisation pour laquelle je travaille, Tearfund Canada, afin d'apprendre et de mieux comprendre comment les chrétiens et les églises devraient réagir face au changement climatique.

L'ampleur de l'événement était formidable : des milliers de dirigeants, de politiciens, de représentants des médias et de membres de la société civile se bousculaient entre des événements répartis dans un stade, un centre de conférence et de multiples bâtiments temporaires. Le premier jour, chaotique, nous avons dû piétiner pendant deux heures avant d’entrer sur le site. 

Les discours d'ouverture véhiculaient un fort sentiment d'urgence. Au cours des premiers jours, plus d'une centaine de pays se sont engagés à mettre fin à la déforestation d'ici à 2030. Et 105 pays se sont engagés à réduire les émissions de méthane de 30 %.

tearfund supporters outside cop26.

Des supporters de Tearfund devant la CdP26.

En milieu de semaine, je me suis entretenu avec Paul Cook, responsable de la défense des intérêts de Tear Fund UK. C'était sa cinquième CdP. Il s'est montré optimiste quant aux progrès accomplis, mais a souligné à nouveau l'urgence de la situation.

Pour lui, la justice et l'équité jouent un rôle important. « Nous savons que le changement climatique affecte le plus les plus pauvres du monde, dit-il. Mais l'histoire est également importante. Des pays comme le Canada et le Royaume-Uni ont eu 250 ans pour utiliser des combustibles fossiles afin de développer leur économie, et il est donc injuste de retirer cette échelle de dessous d'autres pays. C'est pourquoi le financement du climat est si important. Il s'agit d'aider ces pays à dépasser la technologie des combustibles fossiles et à développer leur économie de manière écologique et durable, afin de construire un avenir plus juste et plus équitable. »

L'amélioration nécessitera finalement une poussée soutenue de la part des gens normaux, y compris les pratiquants et les responsables d'église, dit-il. « Personne ici ne voudra conclure une entente qu'il ne veut pas faire, et il ne voudra le faire que s'il y a de la pression au pays. Cela revient à nous, dans nos églises. Il s'agit moins des couloirs du pouvoir que du pouvoir des églises. Comment allons-nous dire la vérité aux pouvoirs séculiers? »

Au fil de la semaine, les annonces ont diminué. Des signes de frustration ont commencé à apparaître alors que les négociateurs des divers gouvernements nationaux continuaient à s'affronter. Le vendredi, dans cette situation sombre, j'ai rencontré quelqu'un qui travaille à un autre niveau - Laura Young, une chrétienne de 25 ans qui parle aux jeunes du Royaume-Uni sur les questions climatiques.

laura young speaks with u.k. youth on climate issuesLaura Young s'entretient avec des jeunes du Royaume-Uni sur les questions climatiques.

Elle pense que l'on n'en fait pas assez. Elle pointe du doigt la façon dont les politiciens continuent de remettre à plus tard les objectifs et les promesses. « Environ la moitié du réchauffement de la planète a eu lieu au cours de ma vie. Pour beaucoup de jeunes, la crise climatique est la seule réalité que nous ayons connue », me dit-elle. Elle mentionne que les jeunes, y compris les pratiquants, refusent d'accepter la réalité future que la génération actuelle laisse derrière elle.  

« Souvent, les jeunes adultes ne sont même pas consultés ou impliqués », dit-elle. Même à la CdP26, « il n'y a pas assez de jeunes à l'intérieur et il faut y remédier ». Elle trouve ironique que les organisateurs de la CdP26 aient qualifié la journée que nous avons rencontrée de Journée de la jeunesse – « L'ironie, c'est qu'il n'y a pratiquement aucun jeune qui pourrait avoir accès à cet événement. »  

Pour les jeunes, il ne s'agit pas seulement de l'environnement. Il s'agit de personnes. Il s'agit d'amour. Et nous sommes appelés à aimer notre prochain.

Qu'en est-il des jeunes des églises en particulier? Mme Young fait référence à une enquête menée au Royaume-Uni, selon laquelle 9 jeunes chrétiens évangéliques sur 10 pensent que le changement climatique est un problème énorme, mais seulement 1 sur 10 pense que les églises en font assez. « Pour les jeunes, il ne s'agit pas seulement de l'environnement. Il s'agit de personnes. Le changement climatique fait déjà retomber des millions de personnes dans la pauvreté et provoque des décès. Il s'agit d'amour. Et nous sommes appelés à aimer notre prochain. Que fait l'Église à ce sujet? »   

Cela m'amène à vendredi soir, à l'hymne dans l'une des églises locales de Glasgow. J'étais là pour ce qu'on appelle un service de protection de la création. Je n'avais jamais assisté à un tel service et je me demandais à quoi cela ressemblerait. C'était puissant.

Le service a commencé par une prière et une exhortation tirée de 2 Chroniques 7:14 – « Si mon peuple, qui est appelé par mon nom, s'humilie, prie et cherche ma face, et s'il se détourne de ses mauvaises voies, alors j'entendrai du ciel, je pardonnerai son péché et je guérirai son pays ». Le pasteur nous a rappelé que l'implication et les actions humaines sont bonnes et nécessaires dans ce monde, mais que Dieu est finalement souverain. Nous avons été mis au défi de faire de la prière notre premier et ultime outil.

Mais ce qui a suivi a laissé tout le monde sans voix. Il s'agissait d'une interview entre Dez Johnston, directeur d'Alpha Scotland, et Kuki Rokhum, directeur de la formation et de la mobilisation à la Commission de secours de l'Evangelical Fellowship of India. Son organisation s'engage auprès des communautés pauvres de l'Inde à la fois dans la formation et dans l'aide aux sinistrés.  

Selon Mme Rokhum, les catastrophes sont devenues plus graves et plus fréquentes. Les agriculteurs indiens, en particulier dans les régions les plus pauvres, sont de plus en plus désespérés. « Pour de nombreuses personnes vivant en Inde, le changement climatique est synonyme de mort. Les récoltes ont échoué encore et encore et encore pour ces petits agriculteurs. Ce n'est pas seulement une commodité. C'est leur moyen de subsistance. Si les récoltes échouent, il n'y a pas de plan B, et nous avons donc vu un grand nombre d'agriculteurs se suicider. » 

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Une congrégation de Glasgow écoute Dez Johnston, directeur d'Alpha Scotland, s'entretenir avec Kuki Rokhum, directrice de la formation et de la mobilisation à la Commission de secours de l'Alliance évangélique de l'Inde.

Cela a résonné dans la congrégation. On pouvait le voir sur le visage des gens. Le changement climatique, qui peut sembler être un problème loin dans le futur ou quelque chose que nous pouvons ignorer en montant la climatisation, est déjà devenu une question de vie ou de mort pour beaucoup, y compris pour nos frères et sœurs chrétiens.

Pour que le problème devienne réel, dit Mme Rokhum, nous devons lui donner un visage. Elle décrit une famille tribale de l'Inde orientale. « Cette famille composée d'un mari et d'une femme avec deux enfants vit sans électricité, et utilise des bœufs et des charrettes pour le transport et le travail. L'agriculture est leur seule source de revenus. Lorsque les pluies s'arrêtent ou deviennent irrégulières, il est difficile de survivre. »

L'un des nouveaux termes que j'ai appris est l'éco-anxiété. Pour ceux qui ne croient pas en Christ, l'avenir semble bien sombre.

J'ai quitté le service en pensant aux différentes perspectives que j'avais entendues au cours de la semaine. Je n'avais jamais vraiment entendu les églises du Canada parler du changement climatique (ou même de la création), alors que beaucoup de chrétiens dans le monde prennent ce sujet très au sérieux.

Après la conférence, j'étais encore en train de réfléchir à ces questions, même pendant que je visitais l'Écosse (le paysage des Highlands écossais vaut vraiment la peine d'être vu). Je me suis demandé : « Comment devons-nous réagir en tant que chrétiens? Que devraient faire les églises face au changement climatique? 

Comment devrions-nous réagir?

Je pense que nous devons tout d'abord en apprendre davantage. Creuser plus profondément. La CdP26 et les églises participantes ont ouvert de nombreuses nouvelles perspectives dont j'ignorais l'existence. Il s'agit d'un sujet relativement nouveau pour de nombreuses personnes, et il est naturel de se poser beaucoup de questions. Nous pouvons explorer ce que nous entendons, notamment en termes de principes bibliques. Apprendre à partir d'une variété de sources et de points de vue. Une fois que nous nous sentons à l'aise avec le sujet, pourquoi ne pas en parler? Nous pouvons en parler dans nos communautés ecclésiales. Au moins, ces questions peuvent nous encourager à faire davantage d'études bibliques sur notre responsabilité à l'égard de la création et sur ce à quoi peut ressembler la protection de la création.

Deuxièmement, comme l'a dit le pasteur ce soir-là, nous devrions prier. La prière est l'un des moyens les plus simples et les plus puissants pour faire la différence. Dieu soutient notre monde et est tout-puissant, et il nous a invités à venir à lui avec nos requêtes. 

Troisièmement, nous pouvons discerner ce qu'il faut faire personnellement ou en tant qu'église. Heureusement, il existe de nombreuses organisations chrétiennes formidables avec lesquelles nous pouvons nous associer, soit pour aider des personnes plus vulnérables que nous à s'adapter aux défis auxquels elles sont confrontées, soit pour influencer les politiques publiques ou lancer des initiatives d'église. Vivre avec intégrité signifie également réfléchir à la manière dont nous pouvons personnellement créer un impact positif sur l'environnement ou faire les choses plus efficacement.

Enfin, nous devons reconnaître l'opportunité, même dans cette situation, d'amener les autres à Christ. L'un des nouveaux termes que j'ai appris lors de la conférence est l'éco-anxiété. Pour ceux qui ne croient pas en Christ, l'avenir semble bien sombre. Mais les chrétiens ont un immense espoir. Nous n'avons pas confiance en nos faibles actions, mais en notre Dieu tout-puissant qui nous aime et marche à nos côtés, et nous essayons de coopérer aux objectifs du Royaume de Dieu d'une manière qui le met en évidence.

Les gens, en particulier les jeunes, se préoccupent de cette question. Et nous devrions en faire autant. La création est un don de Dieu. La façon dont nous la regardons et la traitons renseigne les autres sur le Dieu qui l'a créée, qui la fait vivre et qui l'a rachetée en Jésus-Christ.

Matthew Schroeder est directeur du marketing et des communications de Tearfund Canada (www.Tearfund.ca). Photos: Matthew Schroeder. Illustration d'ouverture: Shutterstock.com

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